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NOTES.

upâdâya s’effacerait presque jusqu’à ne représenter plus que l’idée de « par rapport à, eu égard à ; » j’en alléguerai une preuve empruntée au passage suivant du Dharma pradipikâ : Atîtam anâgatam patchtchuppannam upâdâya sabhê dhammâ sabhâ kâraṇâ Buddhassa Bhagavatô nâṇamukhê âpâtham âgatchtchhanti. « Toutes les conditions, toutes, les actions, eu égard au passé, à l’avenir et au présent, arrivent, dans la voie de la science du bienheureux Buddha[1]. »

f. 99 a.Qui a trois tours et se compose de douze parties constituantes.] Depuis l’impression de cette traduction, j’avais rencontré l’expression du texte triparivartan dvâdaçâkâram, et je croyais l’avoir traduite plus exactement ainsi : « qui en trois tours se présente de douze manières différentes. » J’avais même essayé dans une note d’expliquer cette expression énigmatique où je voyais une allusion aux quatre vérités sublimes envisagées de trois manières différentes[2]. Depuis lors je crois être arrivé sur ce point à une précision plus grande, et sans tenir pour irréprochable la traduction que j’ai donnée dans le Lotus, je la préfère maintenant à celle qui se trouve dans le tome Ier de l’Introduction à l’histoire du Buddhisme. En effet, voici, ce me semble, comment on pourrait expliquer les trois tours et les douze parties de la loi. Je pense toujours que les deux expressions sont connexes, et supposant que les douze formes ou parties ne sont autre chose que les douze Nidânas ou causes de l’existence, je crois que les trois tours sont les trois manières dont les commentateurs Buddhistes du Sud nous apprennent que Çâkyamuni se les représenta, quand il eut atteint à la science parfaite d’un Buddha. Nous voyons en effet par la glose du Samanta pâsâdika vinaya, que Çâkyamuni se représenta l’enchaînement des douze causes ou Nidânas, d’abord dans l’ordre direct, qui est celui de leur production, c’est-à-dire anulôma ; ensuite dans l’ordre inverse, qui est celui de leur destruction, c’est-à-dire patilôma ; enfin dans l’ordre direct et dans l’ordre inverse à la fois, ce qu’il faut entendre de cette manière, que dans trois portions égales de temps il accomplit la condition de ce triple examen[3]. Les trois tours sont donc relatifs à la méthode, et les douze formes ou parties constituent le fonds même de la doctrine.

Voilà la vérité des Aryas.] Lisez, « c’est là une vérité sublime. » Je prie le lecteur de vouloir bien comparer le morceau qui suit, relatif à l’enchaînement des causes successives de l’existence, avec la version et les explications que j’en ai données, dans mon Introduction à l’histoire du Buddhisme indien[4]. Les deux traductions ne diffèrent que par quelques mots, la dernière cependant me paraît la moins imparfaite.

f. 100 a.D’eux-mêmes.] Le texte dit anupâdâya, « sans l’emploi d’aucune cause. « J’ai essayé d’expliquer cette locution ci-dessus, f. 97 b, p. 389.

  1. Dharma pradîpikâ, f. 14 a.
  2. Introd. à l’hist. du Buddh. indien t. I, p. 82, note 1.
  3. Samanta pâsâdika vinaya, fol. 26 et 30 de mon man.
  4. Introd. à l’hist. du Buddh. indien, p. 488 et 489.