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NOTES.

f. 179 b. St. 20. Des lieux de promenade.] On sait par les descriptions que plusieurs auteurs ont données des Vihâras, qu’un lieu de promenade est attaché à ces édifices. C’est là un souvenir et une imitation de la promenade philosophique à laquelle se livra Çâkyamuni, auprès de l’arbre Bôdhi, lorsqu’il parvint à l’état suprême de Buddha parfait[1]. Ce lieu de promenade se nomme tchag̃krama sthâna, et plus ordinairement, tchag̃kramaṇa. On comprend que les Buddhistes du Sud connaissent également ce terme et l’emploient de même dans les légendes de la vie de Çâkya. Ainsi Turnour traduisant un passage de la glose de Buddhaghôsa sur le Dîgha nikâya, en donne cette interprétation : « il descendait de la salle où l’on se promène en méditant, » peripatetic hall of meditation[2]. On retrouve ce même terme dans un autre passage de la même glose que M. Turnour traduit ainsi : « Ayant fait produire un tchankaman (un lieu de promenade), il passa sept jours à se promener de long en large sur ce long Ratana tchankaman, lieu de promenade fait de pierres précieuses[3]. » C’est ce dernier lieu de promenade sur lequel Çâkyamuni médita avant de devenir Buddha, et dont il est parlé dans le Lalita vistara. Il est particulièrement célèbre chez les Buddhistes de toutes les écoles, comme l’un des sept endroits dans chacun desquels Çâkyamuni passa sept jours en contemplation. Les Barmans, dans leur prononciation altérée, le nomment Yatana zengyan, pour Ratna tchag̃krama[4]. C’est en effet une particularité de la prononciation barmane, que la consonne r, surtout initiale et médiale, soit remplacée par un y. M. Latter a signalé ce fait dans sa grammaire barmane[5] ; mais les limites dans lesquelles il convient de le restreindre ne sont pas encore déterminées avec précision. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il constitue un des traits distinctifs de la langue des Myanma comparée au dialecte des Rakaing ou Arracanais. Chez ces derniers la prononciation du r est aussi recherchée que celle du y chez leurs voisins ; et de plus, un y même primitif se change en r, comme on le voit dans le nom même de Rakaing, que l’on dérive avec beaucoup de vraisemblance du pâli Yakkha, pour le sanscrit Yakcha[6].

f. 180 a. St. 34. Assis au sein de l’intime essence de l’état de Bôdhi.] Lisez, « assis sur le trône de la Bôdhi. » Cette correction s’applique également à la stance 35.

f. 182 b. Entré dans la pure essence de l’état de Bôdhi.] Lisez, « parti pour le trône de la Bôdhi. »

  1. Rgya tcher rol pa, t. II, p. 364.
  2. Examin. of Pâli Buddh. Ann. dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. VI, p. 517.
  3. id. ibid. t. VII, p. 814.
  4. H. Burney, Translation of an Inscription in the Burmese language discovered at Buddha Goya, dans Asiat. Res. t. XX, p. 186.
  5. Gramm. of the lang. of Burmah, p. 12.
  6. Phayre, Hist. of Arakan, dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. XII, p. 24 et 25.