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APPENDICE. — No II.

ayant renoncé à ôter la vie à rien de ce qui a vie, a de l’aversion pour toute idée de meurtre, qu’il ne se sert ni du bâton ni du glaive, qu’il est doué de modestie et de pitié, qu’il est compatissant et bon pour toute vie et toute créature, * cela même lui est compté comme vertu.

« Ayant renoncé à prendre ce qu’on ne lui donne pas, il a de l’aversion pour toute idée de vol ; recevant à titre de don tout ce qu’on lui donne, désirant ce qu’on lui donne, il vit avec un cœur ainsi purifié. * Quand le Religieux a ce mérite, [le texte répète mot pour mot la phrase précédente,] * cela même lui est compté comme vertu.

« Ayant renoncé à l’incontinence, il est chaste ; il a de l’aversion pour la loi grossière de l’union des sexes ; cela même lui est compté comme vertu.

« Ayant renoncé au mensonge, il a de l’aversion pour toute parole menteuse ; il dit la vérité, il est tout à la vérité, il est sûr, digne de confiance, ennemi de la fausseté dans ses rapports avec les hommes ; cela même lui est compté comme vertu.

« Ayant renoncé à tout langage médisant, il a de l’aversion pour la médisance. Il ne va pas répéter ce qu’il a entendu ici pour brouiller ceux là, ou ce qu’il a entendu là-bas pour brouiller ceux-ci ; il réconcilie ceux qui sont divisés ; il ne sépare pas ceux qui sont unis ; il se plaît dans la conciliation, il l’aime, il est passionné pour elle, il tient un langage capable de la produire ; cela même lui est compté comme vertu.

« Ayant renoncé à tout langage grossier, il a de l’aversion pour un tel langage. Tout langage doux, agréable aux oreilles, affectueux, allant au cœur, poli[1] aimé de beaucoup de gens, gracieux pour beaucoup de gens, c’est ce langage qu’il emploie ; cela même lui est compté comme vertu.

« Ayant renoncé aux discours frivoles, il éprouve de l’aversion pour tout langage de ce genre. Parlant à propos, d’après ce qui est, d’une manière sensée, selon la loi, selon la discipline, il tient un langage plein de choses, un langage qui, selon l’occasion, se cache sous des figures, qui a une mesure convenable et qui a un objet. Cela même lui est compté comme vertu.

« Il a de l’aversion pour détruire quoi que ce soit de la collection des graines ou de celle des créatures ; il ne prend qu’un repas ; il s’abstient [de manger] la nuit ; il n’aime pas à manger hors de saison ; il n’aime pas à voir les danses, les chants, les concerts, les représentations dramatiques.

« Il a de l’aversion pour les actes qui consistent à se couvrir, à se parer et à s’orner de guirlandes, de parfums, de substances onctueuses. Il n’aime pas un lit élevé ni un grand lit. Il a de l’aversion pour recevoir de l’or ou de l’argent, du grain qui n’est pas encore mûr, [f. 17 b] de la viande crue, une femme ou une jeune fille, un esclave de l’un ou de l’autre sexe, un bouc, un bélier, un coq, un porc, un éléphant, un bœuf, un cheval, une jument. Il a de l’aversion pour recevoir un champ cultivé ou une propriété. Il n’aime pas à remplir les commissions inférieures dont on charge un messager. Il a de l’aversion pour le négoce. Il a de l’aversion pour frauder sur les poids et sur les mesures de capa-

  1. Le texte se sert du mot pôri, que je prends pour un dérivé de pura, et qui doit signifier « qui appartient aux villes, langage des villes. »