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APPENDICE. — No II.

sastres arrivés dans le monde, les accidents de mer, les choses qui sont et celles qui ne sont pas ; lui au contraire il a de l’aversion pour se livrer à des entretiens grossiers de ce genre. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, aiment à se livrer à des conversations malveillantes, qui disent par exemple : Toi, tu ne connais pas la Discipline de la loi ; moi je la connais ; comment pourras-tu connaître la Discipline de la loi ? tu suis de fausses pratiques ; moi je suis les véritables pratiques ; j’ai souffert, moi ; toi, tu n’as pas souffert ; tu as dit après ce qu’il fallait dire avant, et dit avant ce qu’il fallait dire après[1] ; tu n’as pas surmonté l’obstacle ; tu as reculé en arrière ; tu as produit un schisme ; tu es exclu ; ou bien, pour t’affranchir des opinions flottantes, débrouille-toi si tu peux ; lui au contraire il a de l’aversion pour des conversations malveillantes de ce genre. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, aiment à remplir les commissions inférieures dont on charge un messager, par exemple les commissions que donnent des rois, des grands conseillers royaux, des Kchattriyas, des Brâhmanes, des maîtres de maison, des jeunes gens qui disent : Viens ici, va là-bas ; prends ceci ; porte ceci là-bas ; lui au contraire il n’aime pas à remplir les commissions inférieures dont on charge un messager. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, font le métier de jongleurs, de devins, d’astrologues, d’enchanteurs, et qui n’ont d’émulation que pour le gain ; lui au contraire il a de l’aversion pour ce langage de tromperie. Cela même lui est compté comme vertu[2].

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, se font des moyens d’existence [f. 51 a[3]] à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge, par exemple par les signes des membres, par la naissance, les songes, les marques de ce qui est rongé par les rats[4], et aussi par le Hôma du feu, le Hôma de la cuillère, le Hôma de la paille, le Hôma du grain, le Hôma du riz vanné, le Hôma du beurre clarifié, le Hôma de l’huile de sésame, le Hôma de la bouche, le Hôma du sang, la connaissance des Ag̃gas, celle de l’architecture, celle des champs, celle du bonheur, celle des êtres (ou des Bhûtas), celle des serpents, des poisons, des scorpions, des rats, des faucons, des corbeaux, comme aussi par la considération des ailes, l’art de garantir des flèches, la connaissance des cercles des gazelles ; lui au contraire il a de l’aversion pour se faire de tels moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des

  1. Le texte, dans deux endroits, dit à tort, avatchanîyam̃, « ce qu’il ne fallait pas dire. »
  2. Dans le Brâhma djâla, cette partie du texte se termine ainsi : « Fin de la moralité moyenne, » Madjdjhimaçîlam̃ niṭṭhitam̃.
  3. Ce chiffre et ceux qui le suivront à partir de f. 51 a, indiquent la page du Subha sutta dans mon manuscrit du Dîgha nikâya.
  4. L’expression du texte est mûsikâtchtchhinna, « coupé par les rats. »