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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/52

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CHAPITRE II.

59. C’est ainsi que je pense, ô Çâriputtra, aux moyens de faire que tous les êtres portent sur leur corps les trente-deux signes [de beauté], qu’ils deviennent brillants de leur propre éclat, qu’ils connaissent le monde, et qu’ils soient des Êtres existants par eux-mêmes.

60. Et selon que je vois, et selon que je pense, et selon que ma détermination a été prise antérieurement, l’objet de ma prière est complètement atteint, et j’explique ce que sont les Buddhas et ce qu’est l’état de Bôdhi.

61. Et si, ô Çâriputtra, je disais aux créatures : « Produisez en vous-mêmes le désir de l’état de Buddha, » les créatures ignorantes, troublées par ce langage, ne comprendraient jamais ma bonne parole.

62. Et moi, connaissant qu’elles sont ainsi, et qu’elles n’ont pas, dans leurs existences antérieures, observé les règles de la conduite religieuse, [je me dis :] Les créatures sont passionnées pour les qualités du désir, elles [y] sont attachées ; troublées par la passion, elles ont l’esprit égaré par l’ignorance.

63. Elles tombent, sous l’influence du désir, dans la mauvaise voie, souffrant dans les six routes [de l’existence] ; et elles vont à plusieurs reprises peupler les cimetières, tourmentées par la douleur, ayant peu de vertu.

64. Retenues dans les défilés de l’hérésie, disant : « Il est ; il n’est pas ; il est et n’est pas ainsi ; » accordant leur confiance aux opinions des soixante-deux [fausses] doctrines, elles restent attachées à une existence qui est sans réalité.

65. Pleins de souillures dont ils ne peuvent aisément se purifier, orgueilleux, hypocrites, faux, menteurs, ignorants, insensés, les êtres restent pendant des milliers de kôṭis d’existences, sans entendre jamais la bonne voix d’un Buddha.

66. À ceux-là, ô Çâriputtra, j’indique un moyen : « Mettez fin à la douleur ; » voyant les êtres tourmentés par la douleur, alors je leur montre le Nirvâṇa.

67. C’est ainsi que j’expose toutes les lois qui sont perpétuellement affranchies, qui sont dès le principe parfaitement pures ; et le fils de Buddha, ayant accompli les devoirs de la conduite religieuse, deviendra Djina dans une vie à venir.

68. C’est là un effet de mon habileté dans l’emploi des moyens, que j’enseigne trois véhicules ; car il n’y a qu’un seul véhicule et qu’une seule conduite, et il n’y a non plus qu’un seul enseignement des Guides [du monde].

69. Repousse l’incertitude et le doute, [dis-je] à ceux, quels qu’ils soient, en qui naît quelque incertitude à ce sujet ; les Guides du monde ne parlent pas contre la vérité ; c’est là l’unique véhicule, il n’y en a pas un second.

70. Et les anciens Tathâgatas, ces Buddhas parvenus au Nirvâṇa complet, au nombre de plusieurs milliers, dans des existences antérieures, à la distance d’un Kalpa incommensurable, le calcul n’en peut être fait.