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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/529

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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

brâhmanique par des éditions de textes, par des traductions, par des analyses et des extraits critiques. Donnons-en donc ici brièvement quelques exemples.

Parmi les ascètes brâhmaniques interrogés par le roi Adjâtasattu, nous en avons vu un nommé Nigaṇṭha Nâtaputta, qu’on désigne dans le cours du dialogue par le nom patronymique de Aggivêssâyana. Ce titre serait en sanscrit Agnivâiçyâyana, et signifierait « le « descendant d’Agnivâiçya. » J’avais déjà trouvé le nom de Agnivâiçyâyana appliqué au Brâhmane Dîrghanakha, dans une des légendes buddhiques du Divya avadâna[1]. Or ce patronymique de Agnivâiçyâyana est un nom de famille connu dans la littérature védique. Ainsi Roth a trouvé dans les Prâtiçâkhya sûtras un Agnivêçyâyana et un Agnivêçya, du nom duquel dérive le titre de famille qui nous occupe[2]. Depuis, Weber a constaté l’existence de ce même nom dans des textes qui se rattachent au Yadjurvéda[3]. Nous connaissons donc déjà, par les livres des Buddhistes, deux Brâhmanes issus de l’ancienne famille d’Agnivâiçya, qui sont donnés comme contemporains de Çâkyamuni. Sont-ce ces Brâhmanes, ou seulement l’un d’eux, que l’on retrouve dans les Brâhmaṇas du Yadjus et dans les Prâtiçâkhya sûtras ? c’est ce que je ne prétends en aucune manière affirmer : j’établis uniquement ce point, qu’au temps de Çâkya il existait un certain nombre de Brâhmanes qui se rattachaient à la race d’Agnivâiçya, et que des Brâhmanes de cette même famille sont cités également dans des livres appartenants à la littérature sacrée des Brâhmaṇas.

Trois personnages issus de l’ancienne race de Kata ou plutôt de Kâtya ont été signalés par Weber dans ses recherches sur le Çatapatha Brâhmaṇa du Yadjurvêda[4]. Il serait actuellement bien difficile de distinguer avec sûreté les uns des autres les divers personnages qui ont porté ce nom patronymique de « descendant de la race des Kâtyas, » et de rapporter à son véritable auteur telle ou telle partie du rôle religieux et littéraire qu’on attribue sans distinction à celui qu’on nomme Kâtyâyana. Cette question très-compliquée ne pourrait être traitée ici que d’une manière incidente, et je me contente, quant à présent, de renvoyer aux recherches de Lassen et de Weber[5]. Je constate seulement l’existence d’un Kâtyâyana surnommé Mahâ, « le grand, » parmi les premiers disciples de Çâkya, et d’un autre Kâtyâyana nommé Kakuda, qui figure parmi les six Brâhmanes, adversaires obstinés de Çâkyamuni. Que le premier de ces deux Kâtyâyanas ait été un des plus célèbres disciples du Buddha, c’est un point qui ne me paraît pas pouvoir faire de doute ; il est très-souvent cité en cette qualité au commencement des Sûtras du Nord, où figure une énumération des premiers auditeurs de Çâkya. Que le second soit un Brâhmane adversaire de Çâkya, c’est ce qui est également établi par le témoignage unanime des Sûtras du Nord et du Sud. Mais ce qu’il serait curieux de voir se confirmer, c’est la conjecture de Weber, qui comparant le Kabandhin Kâtyâyana de l’un des Upânichads de l’Atharvavêda au Kakuda Kâtyâyana des livres buddhiques, remarque que les noms de Kalandhin

  1. Introd. à l’hist. Du Buddh. ind., t. I, p. 457.
  2. Zur Litt. and Geschichte des Weda, p. 65.
  3. Indische Studien, t. I, p. 484.
  4. Weber, Ibid. p. 227 et 328, p. 440 et 441, et p. 484.
  5. Indische Alterthumskunde, t. II, p. 482 et suiv. Weber, Ind. Stud. t. I, p. 228, note. Je répugne cependant à croire que l’auteur du Sarvânukrama du Rĭgvêda (Mueller, Rĭgveda sanhitâ, préf. p. xxv), soit le grand disciple de Çâkya.