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APPENDICE. — N° VIII.

d’exactitude en disant, « Les yeux de la couleur d’un métal bleu noirâtre[1]. » Les listes du Sud sont ici parfaitement d’accord entre elles et avec celles du Nord.


7. Samatchatvârim̃çaddantaḥ ; V7 tchatvârimaçadantaḥ ; H31 samatchatvârîmçaddantatâ ; Lc26, L23 tchattâriçadantô ; M22, D23 tchattâlisadanto. Ce caractère signifie, « Il a quarante dents égales ; » c’est ce que comprennent également les interprètes tibétains. La comparaison de l’énoncé du Lalita vistara et de la liste népâlaise avec celui du Vocabulaire pentaglotte et des listes de Ceylan permet de supposer que le Lalita vistara réunit avec raison en un article deux caractères très-voisins, le nombre des dents et leur égalité, caractères dont les listes du Sud font deux articles à part. C’est ce que je montrerai plus bas dans mon résumé.


8. Aviraladantaḥ ; V9 aviraladantaḥ ; H30 aviraladantatâ ; LC27, L25, M24, D25 avivaradantô. Ce caractère signifie, « Il a les dents serrées, » littéralement, « sans interstices. » Les Tibétains disent, « il a les dents solides. » Cette traduction est exacte sans doute, puisque avirala signifie épais, gros, solide ; cependant ce sens n’est que secondaire, car avirala veut dire proprement « sans interstices. » Les listes du Sud écrivent avivaradantô, ce qui signifie uniquement « qui a les dents sans interstices ; » c’est, on le voit, dans ce dernier sens qu’il faut entendre avirala du Lalita vistara. Le Vocabulaire pentaglotte est ici correct.


9. Çukradantaḥ ; V10 suçukladantaḥ ; Lc32, L26, M25, D26 susukkadâṭhô. Ce caractère signifie, « Il a les dents parfaitement blanches. » Les interprètes tibétains l’entendent exactement de même. Toutes les listes sont ici unanimes, sauf celle des Népâlais, où ne paraît pas ce caractère ; mais il est fort probable que le no 27 de la liste népâlaise çuklahanutâ, « la qualité d’avoir la mâchoire ou la joue blanche, » n’est qu’une mauvaise transcription de çukladantatâ. On sait que, dans les anciennes formes du dêvanâgari, le da peut quelquefois être confondu avec le ha, et surtout le न्त nta avec le नु nu ; hanutâ peut donc se ramener à dantatâ. De plus ce caractère tiré des joues ou de la mâchoire ne se retrouve dans aucune autre de nos listes. Les textes pâlis, en employant le mot dâṭhâ au lieu de danta, entendent par là désigner les œillères et les canines ; nous reviendrons sur cette distinction en parlant des caractères secondaires.


10. Brahmasvaraḥ ; V14 Brahmasvarah ; Lc29, L28, M27, D28 Brahmas­sarô. Ce caractère signifie, « Il a le son de voix de Brahmâ, » exactement comme l’ont entendu les Tibétains. Il manque dans la liste népâlaise, mais je soupçonne ici encore quelque faute venant du copiste népâlais ; car je trouve dans sa liste, sous le no 25, un attribut dont je ne rencontre le correspondant nulle part, et qui est écrit prastamvaratâ ; la confusion de bra avec pra, de hma avec sta et de mva avec sva aura transformé Brahmasvaratâ en prastamvaratâ, qui d’ailleurs ne donne aucun sens. Les listes de Ceylan augmentent ce caractère d’une addition justifiée par les textes ; c’est celle de karavîkabhânî, « qui a la voix du

  1. Mélanges asiatiques, t. I, p. 169.