Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/76

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50. Que cet homme soit en dehors de sa maison et que le feu y prenne, et qu’elle soit tout d’un coup et de quatre côtés la proie des flammes.

51. Ses poteaux, ses solives, ses colonnes et ses murs consumés par le feu, éclatent avec un bruit terrible, les Yakchas et les Prêtas y poussent des cris.

52. Des centaines de vautours pleins de rage, et des Kumbândhas, la pâleur sur la face, errent de tous côtés ; brûlés par le feu, des centaines de serpents sifflent et sont en fureur de toutes parts.

53. De coupables Piçâtchas y tournent de tous côtés en grand nombre, atteints par l’incendie ; se déchirant à coups de dents les uns les autres, ils font couler leur sang pendant qu’ils brûlent.

54. Les loups y périssent : ces êtres se dévorent les uns les autres. Les ordures sont consumées, et une odeur infecte se répand dans les quatre points de l’espace.

55. Les centipèdes s’enfuient de tous côtés, et les Kumbhândas les dévorent. Les Prêtas, la chevelure enflammée, sont consumés à la fois par la faim et par l’incendie.

56. C’est ainsi que cette redoutable maison est la proie des flammes qui s’en échappent de tous côtés ; et cependant l’homme propriétaire de cette maison est debout à la porte, qui regarde.

57. Et il entend ses propres enfants, dont l’esprit est entièrement absorbé par le jeu ; ils se livrent avec enivrement à leurs plaisirs, comme des ignorants qui ne connaissent rien.

58. Les ayant donc entendus, cet homme entre bien vite afin de délivrer ses enfants. Ah ! [se dit-il,] puissent mes enfants dans leur ignorance ne pas périr bientôt consumés par le feu !

59. Il leur dit les vices de cette habitation : Il existe ici, [leur dit-il,] ô fils de famille, un danger terrible ; ces êtres de diverses espèces et ce grand incendie qui est devant vous, [tout cela] forme un enchaînement de maux [inévitables].

60. Ici habitent des serpents, des Yakchas aux pensées cruelles, des Kumbhândas et des Prêtas en grand nombre, des loups, des troupes de chiens et de chacals, et des vautours qui cherchent de la nourriture.

61. Tels sont les êtres qui résident dans cette maison, laquelle, même indépendamment de l’incendie, est extrêmement redoutable. Ce ne sont partout que misères de cette espèce, et le feu y brûle de tous côtés.

62. Mais, quoique avertis, ces enfants, dont l’intelligence est ignorante, enivrés de leurs jeux, ne pensent pas à leur père qui parle, et ne le comprennent même pas.

63. Que cet homme alors réfléchisse ainsi, en pensant à ses enfants : Certes, je suis bien malheureux ! A quoi me servent mes enfants, puisque j’en suis réellement privé ? Ah ! puissent-ils n’être pas consumés ici par le feu !