Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/182

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service, comme trop pénible. On voyait le moment où Lélia, après avoir fait le coup de balai et le pot-au-feu, allait aussi tomber de fatigue ; car, outre son travail de précepteur pour Maurice et Solange, outre son travail littéraire, il y avait les soins continuels qu’exigeait le malade et l’inquiétude mortelle qu’il lui causait. Enfin, faut-il le dire ? Lélia était couverte de rhumatismes. On partit enfin ; Chopin put partir aussi et, grâce à elle, arriver à Paris[1]. Il n’était que temps. Sans insister sur ce sujet, on pourrait dire qu’il y eut presque toujours ainsi, dans les affections les plus diverses de George Sand, je ne sais quel instinct maternel indécis ou égaré, ce qui faisait dire à un homme d’esprit « qu’elle était la fille de Jean-Jacques Rousseau et de Mme de Warens ». L’infirmité morale de cette nature, incomplète et prodigue, était de confondre des sentiments trop différents dans une sorte de mélange que l’opinion, même la plus indulgente, jugeait souvent équivoque et refusait de comprendre.

Quand l’instinct maternel fut à peu près dégagé de l’alliage et rendu à ses véritables objets, il s’empara de cette vie en maître, presque en tyran. La vie de famille l’envahit. Elle est l’esclave de ses enfants et de ses petits-enfants ; elle organise toute son existence pour les tenir en joie avec des jouets, avec des récits, pour les élever, plus tard pour leur

  1. Voir spécialement les lettres des 14 novembre, 14 décembre 1838, des 15 et 20 janvier, 22 février et 8 mars 1839.