Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/199

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l’opinion, du côté de Proudhon et du côte de Louis Veuillot, mieux vaudrait montrer George Sand dans la dernière période de sa vie, la représenter non pas comme une convertie à la modération, ni comme le transfuge de ses idées, mais s’appliquant, avec une bonne foi méritoire, à les modifier dans une mesure plus acceptable pour elle-même et à reconquérir, au moins sur certains points, la liberté de son moi et son indépendance d’esprit.

Certes il reste bien toujours en elle, soit en politique, soit en philosophie, une part suffisante d’exagération et de paradoxes. Mais comme il y a loin déjà — par l’intervalle du temps et des idées — de la révoltée d’autrefois ! Depuis l’expérience de la guerre et de la Commune, ce n’est qu’à des traits assez rares, clairsemés dans la correspondance, que l’on reconnaîtrait l’ancienne amie de Mazzini et d’Armand Barbès, l’utopiste des réformes sur la condition des femmes et le mariage, la disciple enthousiaste et fougueuse de l’Évangile de Pierre Leroux, la sectaire du Christianisme réformé par le panthéisme sombre de Lamennais, plus tard l’ardente révolutionnaire de 1848, la collaboratrice de Ledru-Rollin, le menaçant rédacteur des Bulletins de la République émanés du ministère de l’Intérieur. Tant d’événements n’ont pas été perdus pour elle, ni en politique, ni en philosophie sociale. Nous n’en voulons ici donner que quelques preuves. Je ne les veux même pas tirer de ce fameux Journal d’un Voyageur pendant la guerre, que la Revue des Deux Mondes publia avec