Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/69

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sympathie renaît et les mauvais rêves avec l’ennui s’enfuient.

Cette veine d’innocence et de poésie renouvelées devait porter bonheur à Mme Sand. Après s’être efforcée d’oublier M. de Boisguilbault et son communisme dans les brillantes aventures de son Piccinino, elle revint avec amour à la veine d’or où elle avait déjà recueilli un trésor de grâce et de sentiment : elle y puisa François le Champi. On eut peur en ouvrant le livre. On avait aperçu, parmi les premières lignes, quelques mots de funeste augure, je ne sais quelle théorie de la connaissance, de la sensation et de leur rapport qui est le sentiment, et l’on tremblait que M.P. Leroux n’eût répandu les lumières troublées de sa psychologie sur cette œuvre nouvelle. On se rassura bien vite. On respira en s’apercevant que cette page était absolument un hors-d’œuvre, une dernière concession à l’amitié. On respira, mais l’alerte avait été chaude. Il restait un roman berrichon de la tête aux pieds. Mme Sand avait plié son beau style à cette fantaisie du langage rustique, imité dans ses dernières finesses et saisi dans tout son naturel, pour raconter l’histoire de ce brave Champi, de la bonne Madelon, de leur bucolique amitié à l’ombre du moulin, amitié de mère de la part de Madelon, amitié de fils de la part de Champi, mais qui se change avec les événements et les années en une tendresse bien vive et qui les mène, l’un donnant le bras à l’autre, jusqu’à l’église du village, avec le petit Jeannie derrière eux, souriant