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On crée une atmosphère de guerre, comme vous le savez, avec la presse moderne, avec la télégraphie sans fil, avec tous les moyens de propagande, qui sont extrêmement perfectionnés. Cette atmosphère créée, quand il y a une situation de guerre, il ne reste plus qu’à trouver le premier agresseur, le prétexte, l’occasion de guerre, ce que j’appelle les causes immédiates.

Malheureusement, toute notre intelligence, même chez les socialistes, a été frappée, non par les causes générales permanentes, de la guerre, ou même les causes temporaires, comme le nationalisme, mais par ce qu’on peut appeler les bagatelles de la porte, les occasions, les prétextes de guerre. Si on étudie un peu l’histoire diplomatique, on sait que toute la diplomatie consiste, quand la guerre est décidée, dans l’art de rejeter la charge de l’agression sur l’autre. L’habileté diplomatique consiste à montrer à sa propre nation que la guerre nous est imposée. On ne sait jamais comment ça finira ; si ça tourne bien, on pourra dire la vérité et l’on sera même proclamé un grand homme, « le père de la victoire », mais si ça tourne mal, il faut dire que c’est l’autre qui a toute la responsabilité et que « l’on n’a pas voulu cela ».

Il y a quelque temps, l’ancien président du Conseil Russe, le comte Witte, a livré des documents officiels qui sont sortis de la chancellerie russe et par lesquels on voit que l’ambassadeur russe à Constantinople, Nelidoff, a conseillé au tsar de déclarer la guerre à la Turquie. Mais, pour donner une occasion, il conseille officieusement un petit massacre d’Arméniens (les Arméniens sont là pour çà), pour