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mêmes. Après la correction de ces textes, une épreuve tirée sous la presse de l’imprimeur, et en encre lithographique, était immédiatement transportée sur la pierre ; les exemples pris sur le manuscrit et décalqués sur cette pierre, en remplissaient tous les blancs, et le tirage suivait la révision d’une nouvelle épreuve.

Le public a donc sous les yeux le premier fruit, en France du moins, de cette nouvelle et féconde alliance de la typographie et de la lithographie. De plus, les feuilles de cet ouvrage où les mots égyptiens sont composés à la fois de signes en noir et de signes en rouge, prouvent jusques à quelle exactitude peut atteindre un double tirage fait d’après les nouveaux procédés ; et il est presque inutile d’avertir que cette invention est un service de plus rendu par MM. Firmin Didot frères à un art qui leur est déjà redevable de tant d’ingénieux perfectionnements.

Sans le secours de celui-ci, l’impression de la Grammaire Égyptienne devenait presque impossible. On aurait pu entreprendre de graver les caractères égyptiens ; l’importance et le succès des études auxquelles ces caractères, introduits dans l’imprimerie, seraient d’un service si efficace et si désiré, amèneront indubitablement à l’accomplissement d’une pareille entreprise ; mais elle exigeait plus de temps qu’on ne pouvait d’abord lui en accorder. Les types doivent être de la plus grande pureté, et le nombre de ces types, pour les signes hiéroglyphiques seulement, pouvait s’élever à 1400. Il est vrai que le nombre total des signes connus de cette écriture ne dépasse pas 800 ; mais la moitié au moins s’emploie sur deux dimensions, et un quart sur trois ; ainsi l’exige l’arrangement symétrique et grammatical des signes dans les textes en colonnes régulières, tantôt verticales, tantôt horizontales. Avec les caractères hiéroglyphiques, il fallait graver aussi les caractères hiératiques fréquemment employés dans les exemples ; et si l’on s’est, parfois, récrié contre l’inévitable retard qu’ont occasionné, dans la publication de cette Grammaire, des essais qu’on a multipliés dans le but de perfectionner un procédé si nécessaire à l’exécution de l’ouvrage, comment espérer d’obtenir plus de patience pour le retard bien autrement prolongé par la gravure de plus de 2000 types ?

L’éditeur peut donc se confier en l’indulgence des personnes qui comprennent les difficultés d’un semblable travail. La seule révision des épreuves sorties des deux presses qui ont concouru à le mettre au jour, exigeait un temps et une attention qui n’ont pas été épargnés.