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par les signes hiéroglyphiques (P) et (H) réunis, comme, par exemple, dans le nom propre (Phîlîpos), Philippe[1], plus ordinairement écrit [2], le caractère faisant à la fois fonction du Π et du Φ des Grecs. Dans plusieurs contrats de vente en écriture démotique, les noms propres grecs Φιλότιμος ou Φιλόδημος et Φῖϐις, sont orthographiés et , le et l’aspiration Ϩ exprimés isolément.

Dans l’alphabet hiéroglyphique, les signes de l’articulation (L) servent aussi, indifféremment, à noter l’articulation (R) ; ces deux consonnes liquides s’échangent d’habitude l’une pour l’autre. Ainsi le mot est tantôt écrit ou , et tantôt  ; et le nom propre Ἀλέξανδρος, Alexandre, souvent écrit avec régularité , fut quelquefois orthographié [3], selon le caprice de l’écrivain.

62. Il résulta de cette habitude constante de rendre les articulations aspirées d’un même ordre par des caractères semblables, comme du vague des voyelles, et de l’emploi de l’une pour l’autre des liquides L et R, que toutes les différences de dialectes disparurent dans les textes rédigés en écriture hiéroglyphique ou en écriture hiératique ; car les trois dialectes de la langue égyptienne, tels qu’ils nous sont connus par les livres coptes, se distinguent principalement entre eux par l’emploi

  1. Légendes de Philippe Arridhée, sur le portique d’Aschmouneïn.
  2. Légendes du même, sur le sanctuaire de granit au palais de Karnac.
  3. Légendes d’Alexandre, fils d’Alexandre-le-Grand, à Éléphantine, au sanctuaire de Louqsor, etc.