Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/12

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progrès des lumières et le bonheur des peuples ; et lorsque, sous Psamménite, l’Empire égyptien qui, plusieurs siècles auparavant, avait été ébranlé par les incursions successives des Arabes et des Éthiopiens, fut entièrement renversé par les armes victorieuses des Perses, l’Europe ressentait à peine les effets bienfaisans de la civilisation naissante.

L’Égypte était habitée par un peuple sage, qui ne fut étranger à aucune espèce de gloire. Subjuguée par un conquérant qui lui fit perdre tous ses avantages, en détruisant ses institutions politiques et religieuses ; soumise ensuite par Alexandre, après la mort duquel elle reçut une nouvelle existence ; courbée sous le joug des Romains, conquise par les Arabes, et tombée enfin au pouvoir de la nation ignorante qui la possède encore, elle fut tour-à-tour le théâtre des lumières et du bonheur, de la barbarie et de l’infortune.

Rien n’est plus intéressant que de connaître à fond l’histoire ancienne de l’Empire égyptien. Les temps où il brilla d’un si vif éclat sont déjà bien loin de nous, et cette haute antiquité semble attacher à tout ce qui se rapporte à l’Égypte une espèce de merveilleux, qui affaiblit en quelque sorte l’admiration et l’intérêt qu’elle excite à un si haut degré. Cependant les monumens gigantesques dont son sol est couvert, ceux que des circonstances diverses ont fait transporter en Europe, attesteront encore aux siècles à venir que les