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sacrés[1], et c’est dans l’influence qu’exerçaient les prêtres sur tout ce qui concernait l’Égypte, où tout se rattachait à la religion, qu’il faut chercher l’origine de cet usage. Mais les Grecs en abusèrent, et cet abus les entraîna dans de graves erreurs.

Ils n’entendaient point la langue égyptienne, parlée et écrite même long-tems après la chute de leur puissance dans cette contrée, et par conséquent ils ne pouvaient orthographier ni traduire exactement les noms des villes de l’Égypte, semblables en cela aux voyageurs européens des derniers siècles qui allèrent parcourir l’Orient sans en connaître les langues, et insérèrent dans leurs relations des noms orientaux qu’il est presque impossible de reconnaître, tant ils sont défigurés. Ainsi, sous le règne de Louis XIV, Paul Lucas fit présenter à ce monarque une carte d’Égypte où l’on trouve les noms monstrueux de Barbambou pour Barbandah, Manfallu pour Manfélouth, Échasse pour Ekhsas, et Guisse pour Djizah[2]. On peut dire que quelquefois les Grecs ne furent pas plus heureux, quoique en général l’altération des noms égyptiens orthographiés ou traduits en grec ait été moins grande.

Il en résulte néanmoins, qu’étudier l’Égypte par les

  1. Hérodote, liv. II ; Strabon, liv. XVII ; Diodore de Sicile, liv. I ; Plutarque, d’Isis et d’Osiris.
  2. Lucas, 1.er Voyage, tom. I, pag. 155.