Aller au contenu

Page:Champollion - Lettres à M le duc de Blacas d’Aups, tome 1.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
première lettre.

ments égyptiens, pour déterminer d’une manière précise le sujet de celui-ci.

L’antiquité classique nous apprend que le Sphinx c’est-à-dire l’alliance d’une tête humaine avec un corps de lion, indiquait symboliquement, non comme on l’a cru, le débordement du Nil sous les constellations du lion et de la vierge ; car on regardait alors toutes les têtes humaines de Sphinx comme des têtes de femme quoique barbues pour la plupart[1], mais bien que cet être fantastique fut l’emblème de l’intelligence ou de la sagesse unie à la force[2]. Il résulte aussi de ce document précieux, que le Sphinx n’était point le symbole spécial d’une seule divinité, puisque la force et la sagesse devaient être considérées comme des qualités communes à tous ces personnages théologiques auxquels l’Égypte rendait un culte habituel. Les monuments égyptiens confirment cette première déduction et m’ont offert ce symbole appliqué à une foule de divinités différentes. Il serait difficile, Monsieur le Duc, de citer un exemple plus probant de ce fait que la magnifique momie du hiérogrammate de Thèbes, Sotimès, existant aujourd’hui dans la collection de M. Durand. Le plus beau des cercueils de cette momie

  1. On prenait alors la barbe pour une tige de persea.
  2. [ Σύμϐολον ] Ἀλκῆς τε ἆν μετὰ Συνέσεως, ἡ Σφίγξ. τὸ μὲν σῶμα πᾶν λέοντος, τὸ πρόσωπον δὲ ἀνθρώπου ἔχουσα. Clément d’Alexandrie, Strom. liv. V, page 671, édit. d’Oxfort, 1715.