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seconde lettre

Nous devons donc, Monsieur le Duc, considérer les célèbres pyramides de Memphis, comme les plus antiques monuments de l’Égypte entière, ce que semblait dire déjà l’absence totale de sculptures et d’inscriptions sur les parois de leurs chambres ou couloirs intérieurs, et principalement sur les sarcophages qu’elles renferment ; et quant à celles qui décoraient le revêtement extérieur de ces masses, rien ne nous garantit qu’elles ne fussent pas d’un temps postérieur. Ces immenses édifices sont très-antérieurs à la XXe dynastie Diospolitaine, c’est-à-dire au XIIIe siècle avant notre ère, époque vers laquelle on devrait les placer si l’on voulait suivre la chronologie d’Hérodote ou celle de Diodore de Sicile. Mais ce dernier auteur doutait beaucoup, et avec raison, de l’opinion qu’il a lui-même énoncée à cet égard. Il avoue, en effet, n’avoir trouvé d’accord sur l’époque et les constructeurs des pyramides ni les Égyptiens eux-mêmes, ni les auteurs qu’il a pu consulter[1]. Il était naturel que vers le siècle d’Auguste, des habitants de l’Égypte questionnés par Diodore de Sicile, n’eussent pas des idées très-claires sur l’origine d’ouvrages qui remontaient aux premiers temps de la vieille monarchie ; mais sous les premiers Lagides il ne pouvait en être ainsi de

  1. Περὶ δὲ τῶν Πυραμίδων οὐδὲν ὅλως οὐδὲ παρὰ τοῖς ἐγχωρίοις οὕτε παρὰ τοῖς συγγραφεῦσι συμφωνεῖται. Diodore liv. I, § 64.