Page:Champollion - Lettres à M le duc de Blacas d’Aups, tome 2.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
seconde lettre

faits d’un autre ordre, nous avertirait suffisamment que les plus anciens des édifices subsistants encore à Thèbes et au fond de la Nubie, appartiennent, non à l’origine de l’art égyptien, mais, si j’ose m’exprimer ainsi, à une véritable renaissance de cet art même.

Les noms des plus grands rois de la XVIIIe dynastie, et les dédicaces faites par ces mêmes princes, se lisent seuls sur les portions des palais de Karnac, de Louqsor, de Kourna, de Médinetabou et de Solèb, qu’on a reconnues sans difficulté pour être évidemment les plus anciennes. Or, dans ces édifices où l’architecture a déployé d’incroyables richesses et réalisé les plus nobles conceptions, rien ne montre les premiers essais d’un art naissant : tout manifeste au contraire que les procédés employés par les constructeurs, étaient les résultats d’une longue expérience antérieure ; et il suffit d’étudier un instant ces monuments vénérables pour se convaincre, quelque prévention exclusive qu’on nourrisse d’ailleurs en faveur de l’art des Grecs, qu’il y a là de véritables beautés, et surtout que l’art n’était pas nouveau lorsqu’on jeta les rendements de ces palais et de ces temples.

Un examen scrupuleux fait sur les lieux mêmes et dans le but formel de reconnaître, au milieu des édifices subsistants, les débris de plus ancienne date, pourrait seul nous fournir des lumières suf-