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monuments historiques.

Si le colosse de Turin offrait seul une telle particularité, on pourrait attribuer cette mutilation calculée, à une vengeance privée contre la mémoire d’un prince, dont on eût cherché ainsi à effacer le nom sur toutes les parties de ce beau monolithe. Mais la suppression presque entière de ce même caractère, partout où la légende de ce roi a pu être retrouvée en Égypte, semble démontrer que c’est en vertu d’une décision prise par une autorité publique et compétente, que ce signe hiéroglyphique a été martelé sur les grands monuments. M. Huyot l’a vu en effet détruit avec soin dans les différentes portions du palais de Karnac, où se trouvent des constructions de Mandouei Ier. Il faut en excepter seulement deux petits obélisques en grès, où il n’a, par hasard, souffert aucune altération. Les membres de la Commission d’Égypte, qui ont recueilli et fait graver plusieurs cartouches de la légende royale de ce Pharaon, copiés à Thèbes mais sans indications plus précises, paraissent avoir fait aussi leurs dessins d’après des sculptures sur lesquelles le signe Mandou avait été pareillement martelé : les cartouches noms propres gravés dans ce bel ouvrage, présentent toujours en effet ce même signe avec des différences très-notables dans les détails[1], preuve

  1. Description du l’Égypte, Ant. vol. III, pl. 69, nos 31 et 32, 55, 56 et 62.