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monuments historiques.

des calamités publiques ou privées sur de pauvres et innocents fétiches, on pourrait trouver parmi les peuples anciens les plus célèbres, et même parmi les nations actuelles, des exemples de l’abolition du culte de certains Dieux, ou bien de villes qui crurent avoir de fort bons prétextes pour renoncer au patronage d’une divinité et pour passer de préférence sous celui d’une autre. Mais j’avoue, puisqu’il est ici question des Égyptiens, c’est-à-dire d’une nation si profondément religieuse, que la suppression du nom d’une divinité sur les monuments publics eût été pour eux un acte bien extraordinaire et entièrement opposé à leurs idées et à leurs coutumes. Cependant le fait de l’altération préméditée d’un nom divin, exécutée à une très-ancienne époque, n’en subsiste pas moins ; j’ai du le faire remarquer : et comme, pour le motiver dans notre esprit, il ne s’agirait de rien moins que de supposer la culpabilité d’un Pharaon tel que Mandouei Ier, ou celle même d’un Dieu tel que Mandou le fils d’Ammon et le bien aimé de Nèith, je crois plus prudent de m’abstenir, et de dire avec le poète,

Non nostrum — tantas componere lites,


jusqu’à ce que du moins de nouveaux documents viennent nous expliquer un peu mieux cette singulière mutilation, qu’il était indispensable de si-