Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/229

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production, a été crépi de limon du Nil, surtout à l’extérieur. On a également fermé avec des murs de boue l’intervalle qui existe entre le premier rang de colonnes du pronaos, de sorte que notre travail a dû se faire souvent une chandelle à la main, ou avec le secours de nos échelles, afin de voir les bas-reliefs de plus près.

Malgré tous ces obstacles, j’ai recueilli tout ce qu’il importait de savoir relativement à ce grand temple, sous les rapports mythologiques et historiques. Ce monument a été regardé, d’après de simples conjectures établies sur une façon particulière d’interpréter le zodiaque du plafond, comme le plus ancien monument de l’Égypte : l’étude que j’en ai faite m’a pleinement convaincu que c’est, au contraire, le plus moderne de ceux qui existent encore en Égypte ; car les bas-reliefs qui le décorent, et les hiéroglyphes surtout, sont d’un style tellement grossier et tourmenté qu’on y aperçoit au premier coup d’oeil le point extrême de la décadence de l’art. Les inscriptions hiéroglyphiques ne confirment que trop cet aperçu : les masses de ce pronaos ont été élevées sous l’empereur César-Tibérius-Claudius-Germanicus (l’empereur Claude), dont la porte du pronaos offre la dédicace en grands hiéroglyphes. La corniche de la façade et le premier rang de colonnes ont été sculptés sous les