Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/83

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et qui se réduit pour l’ordinaire aux idées suivantes : le vivant et bienfaisant dominateur de la région inférieure, comme le Soleil pour toujours.

La divinité adorée par le roi Lagide, est assise sur un trône placé sur un socle élevé. Sa tête est celle d’un épervier, ce qui a pu la faire prendre, à la première vue, pour une représentation de Phré ou le Soleil : mais le Disque ou Amphicyrte, placé sur la tête de l’oiseau, est très-clairement combiné avec la dychotomie, ou moitié du disque lunaire ; et nous avons vu que ces deux phases ainsi réunies étaient, en Égypte, l’emblème ordinaire de la Lune[1]. L’uræus au milieu du disque entier, est le symbole de la toute puissance inhérente à ce personnage, l’un des premiers et des plus anciens dieux de l’Égypte. Il faut donc reconnaître ici une nouvelle forme propre au Lunus égyptien, appelé indifféremment Ioh, Ooh et Ooh-ensou.

La légende hiéroglyphique sculptée à côté de ce personnage divin, ne laisse d’ailleurs aucune sorte de doute à cet égard, quoique très-incorrectement copiée par la Commission d’Égypte, ce qui provient sans doute du mauvais état du bas-relief ; les sept premiers signes sont très-reconnaissables et signifient clairement : ceci est l’image d’Ooh-ensou dieu : la gravure publiée dans la Description de l’Égypte, met un scorpion à la place de la tige de plante à quatre feuilles, qui termine ordinairement ce nom du Dieu-Lune[2]. Le dernier signe de ce nom divin, le signe déterminatif d’espèce, est ici l’image même du dieu, tracée de petite proportion avec ses principaux attributs, comme cela arrive sur les grands monuments à la suite des noms propres phonétiques des divinités égyptiennes[3].

Le roi Ptolémée Évergète II est représenté, dans ce même bas-relief, en acte d’offrir un sacrifice au Dieu-Lune ; et l’animal qu’il égorge sur

  1. Voyez l’explication de notre planche 14 (A), et la note 6.
  2. Voyez notre planche 14 (D), lég. no 1, et son explication.
  3. Précis du Système hiéroglyphique, chap. V, pag. 104 et 105.