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Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/73

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Évoquait devant moi leurs trésors merveilleux,
Ils ne sauraient encor racheter cette vie.
A peine une heure même, ils eussent racheté
Mon captif, mais je sais qu’il est en ma puissance,
Bien gardé dans les fers, et certain de son sort.
Avec calme, je pèse, en ma soif de vengeance,
Une torture lente et suspendant la mort.
« Je suis bien loin, Seyd, de réprimer ta rage
Trop juste, inaccessible au généreux pardon,
Mes pensers seulement, traduits en mon langage,
Étaient de t’assurer une riche rançon ;
Sa liberté d’ailleurs n’est pas sa délivrance.
Désarmé, dépouillé de sa force et des siens,
Tu n’as qu’à le vouloir, il rentre en ta puissance,
Et tu t’es emparé d’avance de ses biens.
« Il rentre en ma puissance !… Ai-je un jour à lui rendre,
Un jour !… Le misérable est déjà dans mes mains.
Relâcher mon captif ! quelle pitié si tendre !
Pourquoi ? Par quels conseils ! Oui vraiment, par les tiens,
Ah ! belle suppliante, à ta reconnaissance,
Qui paie ainsi les dons du cruel mécréant,
Pour toi seule et les tiens réservant sa clémence,
Sans vous apprécier, je dois remercîment
Et louange à la fois à sa grande prouesse.
Que ton oreille tendre écoute une leçon :
De toi je me défie, ô femme, et ta faiblesse
De plus en plus revient confirmer mon soupçon.