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vendeur de pommes, installé au bas du perron, nous entrâmes un peu à la dérobée, car les prières ou, si l’on veut, l’office des bonzes était commencé.

Le temple bouddhiste, à la différence du temple shintoïste, lequel est d’une simplicité froide et dénuée de tout art, a une certaine beauté artistique. Cependant, pour en préciser le genre, c’est moins une beauté architecturale qu’une beauté sculpturale et décorative. Le style de l’édifice n’a rien de général. Il ne connaît ni la puissance du style roman, ni la majesté du style bysantin, ni surtout le prodigieux élancement du style ogival. Il n’a rien de ces cathédrales gothiques européennes, aux nefs puissantes et aux tours hardies, s’élevant jusqu’à se perdre dans les airs, gigantesques orantes de pierre, qu’on dirait cachant une âme et extasiées dans une muette prière d’amour et de supplication.

Le temple bouddhiste est une grande construction carrée, dont le toit est en pignon à courbes rentrantes, formant ainsi un faîte effilé ; un faîtage en saillie surmonte le tout, et, par ses bouts qui dépassent, en se retroussant, la largeur du toit réalise un dessin caractéristique d’ornementation. Le larmier du toit est aussi pareillement décoré. Ce décor consiste en diverses figures sculptées, sur bois, naturellement, car la plupart des temples japonais sont en bois, même les plus beaux et les plus riches.

Quant à l’intérieur, le temple que j’ai vu, était plus que simple. Toutefois paraît-il, dans les temples les plus célèbres du Japon, les sculptures décoratives de ce genre sont d’un art remarquable, par la finesse et la variété du dessin.

Nous entrâmes donc dans le temple de manière à ne