Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/14

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s’apercevra qu’on n’a pas de berceau pour les bébés, qu’on se contente de se les attacher sur le dos, que les enfants eux-mêmes portent ainsi leurs petits frères ou leurs petites sœurs, et que, bien plus, les femmes font leur ménage dans la maison, scient du bois devant la porte ou font leur lavage, avec leur enfant sur le dos. Et chose étrange ! même alors, l’enfant dort paisiblement ; des mères vont même jusqu’à dire que ce n’est qu’alors qu’elles peuvent endormir leurs marmots.

Autres détails non moins curieux : la femme époussette les rares meubles de la maison, avant d’y faire le balayage ; et le soir, elle se peigne, avant de se coucher. Mais ces usages, quelque étranges qu’ils paraissent, ont leur raison spéciale dans les conditions particulières de la vie familiale en ce pays ; et lorsqu’on est sur les lieux, on trouve que les coutumes japonaises sont aussi rationnelles que les nôtres.

Je n’ai rien dit encore du langage. Pourtant, là aussi, l’étranger se heurte à des contrastes qui sont peut-être les plus embarrassants. Le Japonais a une manière différente de la nôtre de penser et de parler. Ce que nous concevons en premier lieu, il le conçoit en dernier, et ce que nous plaçons au commencement d’une phrase il le place à la fin. Toujours à l’envers, quoi !…

Mieux que cela ! Là où nous donnerions une réponse négative, il en donne une affirmative et vice-versa. Par exemple, si je dis à quelqu’un : « Vous ne faites pas de promenade aujourd’hui, n’est-ce pas ? » Si réellement il ne veut pas en faire, mon brave Japonnais répondra : « oui » ; et s’il veut en faire, il répondra : « non. »

Cette apparente anomalie n’est pas, non plus, sans