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PROPOS JAPONAIS

uns et les autres, quand il s’agit d’un personnage de haut rang ou d’un membre d’une famille riche, déploient un apparat d’une magnificence extraordinaire. C’est une longue procession qui, chez les shintoïstes, va de la maison du défunt, directement au cimetière, et chez les bouddhistes, au cimetière aussi, mais en passant par le temple[1].

Voici à peu près l’ordre de la procession bouddhiste : au premier rang, des porteurs de grosses lanternes de papier blanc, allumées même en plein jour ; c’est pour éclairer, pense-t-on, la marche du mort dans les ténèbres éternelles. Puis, des porteurs d’énormes bouquets de fleurs artificielles aux couleurs vives et très jolies. Ensuite, selon la fortune du défunt, un ou plusieurs bonzes montés en kuruma (pousse-pousse). Suivent un porteur de brûle-parfums, des porteurs de bannières et d’autres ornements funéraires ; enfin le porteur de l’ihai. L’ihai est une planchette fixée verticalement sur un petit piédestal ; il comporte le nom religieux du mort, et il est destiné à être conservé dans la famille. De plus, si le défunt est le père ou la mère, c’est le fils aîné qui porte l’ihai ; derrière lui viennent, à pied ou en voiture, les parents et les amis.

Les porteurs sont tous revêtus de blanc. Les bonzes portent, eux aussi, des habits toujours très riches et blancs. En ces circonstances, ils revêtent une étole brodée de fil d’or ; ils ont la tête recouverte d’une espèce de bonnet qu’on prendrait pour un bonnet turc : ce sont probablement les deux insignes de leur dignité ;

  1. Cependant pour les pauvres ou les gens qui ne possèdent qu’une moyenne fortune, on ne va pas non plus au temple.