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PROPOS JAPONAIS

se constituent volontiers leurs protecteurs. Qui niera que ce ne soit déjà une conquête ?

Enfin il faut l’œuvre de la presse pour répandre la doctrine catholique et la défendre au besoin.

Les Japonais sont un peuple de lecteurs. Ils lisent énormément et un peu partout : en chemin de fer, en bateau, parfois même en marchant dans la rue. Et ce ne sont pas seulement des journaux qu’ils lisent, mais des revues considérables et des volumes divers. C’est ainsi qu’on peut les remarquer, dans leurs loisirs, plongés dans un livre et restant là pendant des heures, sans prêter aucune attention à ce qui se passe autour d’eux. Des feuilles nettement catholiques ne sauraient donc demeurer inconnues ou négligées, au milieu d’un peuple aussi avide de connaître et de s’instruire. Ainsi, peut-être, on pourrait contrebalancer l’influence alarmante de la mauvaise presse, qui, hélas ! couvre déjà le pays des publications les plus malsaines, les plus immorales et les plus impies de l’étranger.

La presse catholique serait aussi en même temps un moyen propre à la polémique. Le fanatisme ou l’ignorance de certains publicistes japonais donnent souvent lieu à des insultes injurieuses et à des calomnies révoltantes contre la religion catholique. Parce qu’on ne distingue pas entre le protestantisme et le catholicisme, on attribue au second les tendances et les menées suspectes du premier, et on les confond tous deux sous le même nom de « christianisme, christokyô. » C’est pourquoi on représente celui-ci comme l’ennemi né de la nation et comme le destructeur des institutions du pays. De là le tort immense qui en résulte pour la mentalité japonaise vis-à-vis du catholicisme.