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grandes foules canadiennes se pressant dans nos églises !

Et dans nos temples, c’est ce beau chant liturgique, soutenu presque partout par les puissants ronflements de l’orgue ; dans la nef, c’est ce bon peuple qui déborde jusque dans les allées ; tandis qu’au sanctuaire, ce sont nos charmants enfants de chœur, avec leurs petits surplis fraîchement plissés ; enfin à l’autel, perdu au milieu de mille lumières, et les flots d’encens qui voilent sa figure, le prêtre !!!

Au Japon, rien encore de cette pure beauté, de cette majesté incomparable. Notre sainte Église, hélas ! y apparaît presque partout, amoindrie, sans éclat, sans prestige, sans succès, en un mot sans puissance. Oh ! comme cela est pénible pour le cœur missionnaire !

Encore si tous ses chrétiens étaient fervents ! Mais voici pour lui un troisième sujet de tristesse : malheureusement, quelques-uns de ses baptisés ne pratiquent plus la foi qu’ils ont embrassée. À cette chose si regrettable, il y a plusieurs raisons. La première, c’est leur manque de courage. Après quelque temps de ferveur, ils ont fini par trouver le joug difficile à porter, et peu à peu, ils négligent leurs devoirs religieux ; enfin, honteux de leur conduite, mais non résolus à s’amender, ils renoncent à paraître à l’église.

Il y a aussi l’ambiance païenne au milieu de laquelle ils sont forcés de vivre. Très souvent il se trouve encore des païens, même, dans leur propre maison ; leurs proches sont païens, leurs amis sont païens. Or, nos pauvres chrétiens, témoins constants de si dissolvants exemples, se sentent presque fatalement entraînés à négliger ou à abandonner une religion qui demande des sacrifices.