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On arrive à destination…

Il faut se préparer à bientôt descendre, et voilà nos braves passagers qui procèdent à leur toilette. Hommes, femmes changent d’habits sans aucune gêne : c’est tout juste s’ils sauvegardent la plus élémentaire modestie. Les geisha, qui portent toujours avec elles leur nécessaire de toilette, se mirent, se fardent et se peignent, avec un nouveau soin méticuleux. Il n’y a pas jusqu’au shinshi du coin, qu’on surprend tout-à-coup en un débraillé assez peu compatible avec son souci de paraître à la dernière mode de l’étranger. Le militaire lui-même, tout guindé et tout serré qu’il est dans son costume justaucorps, prouve qu’il n’a rien perdu non plus de ce sans gêne des mœurs païennes.

Et ceci m’amène précisément à la conclusion qui ressort de cet article : c’est que la civilisation étrangère, ne reste, malgré tout, au Japon, qu’un trompe-l’œil. Les Japonais n’ont de notre civilisation que la surface et l’extérieur ; tant qu’ils n’en auront pas absorbé aussi la moëlle, c’est-à-dire, le christianisme, leur adaptation au progrès moderne restera toujours factice et menteuse.