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de leurs peines, de leurs revers ou de leurs ennuis. D’autres fois ils viennent même sans aucun motif, si ce n’est pour causer. Quelques-uns l’avouent avec la plus grande simplicité : Asobijinki maskita, disent-ils, « je suis venu me récréer. » Nos braves gens de la campagne, au Canada, traduiraient ainsi : « Je suis venu faire un p’tit tour. »

Quant aux enfants, la résidence du missionnaire est une autre maison paternelle, qui leur est aussi familière que la leur propre. Le dimanche, les jours de fête, et durant les vacances d’été, tous les jours, ils n’ont pas d’autre lieu d’amusement. Très souvent alors ils assiègent le Père pour avoir des images : Shimpu Samago kudasai, demandent-ils avec leur politesse ordinaire, chez-eux surtout si gracieuse : « Auguste Père, daignez me donner une noble image ! »

Ainsi partagée entre la tristesse et la joie, la vie actuelle du missionnaire au Japon pourrait se caractériser d’un mot : elle est une vie d’espoir.

Cette tristesse que lui causent le spectacle du paganisme, l’impuissance de son apostolat et la faiblesse de quelques chrétiens le fait soupirer ardemment après des jours meilleurs, sinon pour sa consolation personnelle — car il ne les verra probablement jamais — du moins pour la gloire de la sainte Église. D’un autre côté, les joies que lui procurent le courage, la fidélité et la confiance de ses néophytes, lui donne l’assurance que la religion catholique ne se sera pas implantée en vain en ce pays et que, si les peuples chrétiens veulent