Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/280

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à la solitude qu’il habite, à l’insensibilité qui l’entoure, à l’idolâtrie qui l’insulte.

Ah ! si vous voyez la solitude qu’il habite, le Dieu de nos autels, en la plupart de nos missions japonaises ! Figurez-vous un instant la misérable chapelle qui l’abrite, — là où il y en a une pour lui, — : rien autre chose qu’un bâtiment exigu en bois, au plafond en papier, aux murs en bambous et en terre séchée, au parquet recouvert de nattes de paille. De cela à une petite grange il n’y a donc pas loin ! D’ailleurs la senteur des nattes en donne déjà l’illusion.

Encore si Jésus-Hostie avait nombreuse et constante compagnie en ce réduit ! Mais il y est à peu près toujours seul ! Dans la chapelle règne un silence mélancolique et triste à mourir ! La lampe du sanctuaire, la nuit surtout, y projette indolemment de faibles lueurs, qui permettent à peine de reconnaître le tabernacle et l’autel ; on dirait qu’elle s’y ennuie et voudrait laisser Jésus tout seul ! Le matin, le missionnaire apparaît pour dire la sainte messe, pour laquelle bien souvent il n’a pas de servant. En ce même temps, par la petite porte du fond se glissent quelques ombres : trois ou quatre personnes, qui aiment bien le bon Dieu, celles-là du moins. Tout se passe sans bruit, dans la plus désolante simplicité. Le dimanche, c’est un peu mieux. Il y a plus d’affluence. La chapelle est à moitié pleine, et même pleine, les jours de grande fête par exemple. Et puis, il y a la voix collective des chrétiens qui prient ensemble. Ceci est réellement touchant. Il y a en-