Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/282

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mais, en cela, rien d’extraordinaire non plus, pensent-elles ; leurs héros, à elles aussi, reçoivent les honneurs divins ; dès lors, pourquoi préférer un héros, un dieu étranger aux héros, aux dieux nationaux ? La petite chapelle se dresse bien, il est vrai, sur le bord de la rue de quelques grandes villes. Mais elle est si petite, si pauvre, si misérable, si insignifiante, en un mot, quand on la compare aux pagodes qui font l’orgueil de la nation par leur splendeur et leur richesse. Elle s’appelle bien aussi : « Église catholique », c’est-à-dire qu’elle prétend enseigner une religion qui s’adresse à tous les peuples sans distinction de race, de langue ou de classe. Mais, pensent les pauvres païens, il y en a tant, de nos jours, de sectes religieuses qui prétendent être faites pour tout le monde ; tellement que le vrai problème, semble-t-il, c’est l’embarras du choix. Et leurs pensées en sont là ! Evanuerunt in cogitationibus suis ! (Rom. 8, 21.)

Il y a encore une autre raison ; l’indifférence. Et d’où vient donc cette indifférence pour rechercher la religion ? Autrefois, si l’on en croit l’histoire du premier épanouissement de la foi au Japon, le peuple éprouvait une véritable avidité à s’instruire de la vérité, et en ces temps, la foi catholique faisait des progrès si merveilleux que les missionnaires suffisaient à peine à conférer le saint baptême. Aujourd’hui, on a du goût pour s’instruire de tout, mais pas des vérités de la religion. Toute autre chose, mais pas cela ! Que s’est-il donc passé ? Une des causes, c’est l’absence de toute éducation religieuse. Autrefois, il n’y avait pas d’autres écoles que celles des bonzes, auprès desquels venaient s’instruire les enfants de la noblesse et même ceux du simple peuple. Or, l’enseignement des bonzes était non seulement lit-