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PROPOS JAPONAIS

est le défaut de santé des postulants. Cette vie de solitude et d’austérité serait-elle un fardeau encore trop lourd pour les chrétiens japonais ? En tout cas, il est certain que la rigueur du climat, en cet endroit, est très préjudiciable à la santé des jeunes recrues, venues la plupart du sud du pays. Je m’empresse d’ajouter, cependant, qu’on trouve plus de persévérance chez ceux qui se présentent pour devenir frères convers. Ceux-là, du moins, restent robustes et font par ailleurs d’excellents religieux.

Quant aux Trappistines, — car il y a aussi un monastère de ces religieuses à Hakodate — elles sont sous ce rapport, beaucoup plus favorisées. Sans être dans la ville, leur couvent est cependant moins éloigné que celui des RR. PP. Trappistes. On le trouve sur le flanc d’une vallée, en arrière d’un faubourg appelé Yunogawa. Le site est également bien choisi, il domine tous les alentours et respire la paix d’une complète solitude.

Je disais donc que, au sujet des vocations, les Rdes Mères n’avaient qu’à se féliciter. Elles ont, en effet, beaucoup de recrues qui, en général, persévèrent. Mais il y a quelque chose de plus consolant encore : ces jeunes recrues entrent sans tarder dans les voies de la perfection, deviennent de ferventes religieuses et font la consolation de leurs supérieures. Lorsque nous sommes passés au couvent, l’une d’elles venait de mourir dans les sentiments de la plus tendre piété, si bien que toute la communauté, loin de pleurer sa perte, était dans la joie d’avoir contemplé une mort si douce et si digne des saints, assurée que cette âme si pure était déjà allée au ciel recevoir la digne récompense de ses mérites et de ses vertus.