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APERÇU SUR L’ÉGLISE ACTUELLE DU JAPON

ce qui rehaussa extrêmement le prestige de l’orateur. Le temple ne put contenir toute l’assistance. Inutile d’ajouter que nous y étions aussi ; on nous plaça même aux premiers rangs. Une fois de plus, nous pûmes admirer la foi et la piété de Yamamoto. Le commandant arriva à Kagoshima le soir. Comme nous étions allés au devant de lui, après nous avoir salués, la première question qu’il nous posa fut de demander, sur place même, l’heure de la messe du lendemain ; et c’était sur semaine. Inutile de dire que le lendemain, le commandant faisait partie de l’assistance. Mieux que cela : comme par hasard il manquait un servant, il vint tout simplement en remplir l’office. Ainsi nous vîmes ce beau spectacle : un brillant officier qui, pendant plusieurs mois, avait tout spécialement rendu des services assidus à son prince, servant avec plus de respect et plus d’amour encore au divin sacrifice du prince des princes et du roi des rois.

Après la messe, le commandant entra à la résidence et passa une partie de la journée avec nous. On eût dit qu’il ne se trouvait à l’aise qu’avec ceux qui partagent sa foi et dont il savait attendre quelque nouvel aliment à sa piété.

Aussi, n’est-il pas téméraire d’ajouter ici, croyons-nous, qu’un peuple qui peut produire de tels hommes n’est pas un peuple vulgaire ; et si un jour, le peuple japonais se convertit entièrement — ce à quoi nous travaillons et voulons travailler jusqu’au dernier souffle de notre vie — nous pouvons être assurés de voir