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fond, et si avide de goûter, malgré tout, des joies plus pures et moins terre à terre.

Il n’en est pas de même du tambour des bonzes, au mois de janvier. À cette époque la plus rigoureuse de l’année, les bonzes pratiquent ce qu’ils appellent les kangyô, c’est-à-dire les exercices de pénitence en temps de froid. Chaque soir de janvier, ils se promènent donc dans les rues en récitant des prières et en frappant du tambour pour demander l’aumône. Aussi, ne cherchent-ils, pour ces exercices, que la récompense de ce siècle, c’est-à-dire la louange et l’argent. Ils reçoivent l’un et l’autre, il est vrai, mais par là même, ils sont déjà jugés ; et n’y eût-il que ce seul fait à prouver contre eux, il est déjà évident que leur religion, étant toute humaine, ne peut être qu’une contre-façon, un leurre, un mensonge.

Dans la soirée, on entend encore le sifflet des masseurs et la réclame du vendeur d’amulettes. Les masseurs sont très nombreux au Japon ; la pratique du massage inspire ici beaucoup de confiance. Ceux qui se livrent à ce métier sont en général des aveugles. Le vendeur d’amulettes a un rôle moins honnête : comme on le devine, c’est un propagateur de superstitions. Cet homme compte surtout sa clientèle parmi les personnes de vie libre.

Enfin, le dernier bruit de la rue japonaise est celui que fait le veilleur de nuit. On l’entend à partir de dix heures. Il y a, en effet, au Japon des veilleurs de nuit, qui font la ronde pour faire coucher les gens et veiller à la sécurité publique contre les malfaiteurs. Autrefois, ils avaient, pour remplir cet office, un instrument, appelé bango, consistant en deux morceaux de bois