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était tout changé. Nous étions en plein dans les montagnes.

Asahigawa possède, en effet, une position géographique toute spéciale. De toutes les îles du Hokkaido, c’est elle qui est située au plus haut degré d’altitude. D’où en hiver, la rigueur exceptionnelle de son climat. De plus, ses abords sont complètement entourés de hautes montagnes. On n’y trouve accès que par une rivière qui la traverse de part en part. Son emplacement a donc la forme d’un gigantesque nid d’aigle, et c’est la raison pour laquelle le gouvernement y a établi de grandes casernes et en a fait une position militaire imprenable.

En quittant ce vaste bassin qui, dit-on, était probablement autrefois un lac magnifique, on s’engage le long de la rivière, bordée, d’un côté, par le chemin de fer, et de l’autre par la grande route. La vallée est superbe.

Le chemin, assez fréquenté, est assez bien entretenu. Il se déploie gracieusement comme un beau ruban jaune sur le dos d’une foule de petits mamelons successifs, qui sortent, comme des arcs-boutants, du flanc de la montagne, et s’en vont faire ronger leur pointe par le courant de la rivière.

Celle-ci n’est pas très large ; mais elle est tortueuse, rapide, et roule une eau verte, rageuse et bondissante qui culbute et traîne peu à peu dans son cours les grosses pierres de son lit.

Grâce à cette eau courante, les abords sont couverts de verdure ; ils sont cependant trop abrupts pour être propres à la culture. Toutefois, dans cette verdure hirsute et spontanée, il y a une variété assez agréable d’arbustes, de vignes sauvages et de fleurs de toutes nuances, de