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NOTICE.

intitulée : Cassandre, comtesse de Barcelone, et fut jouée le vendredi 31 octobre 1653. Quant à la tragédie de Gilbert[1] elle est postérieure à Œdipe ; son véritable titre est Arie et Pétus, ou les amours de Néron, et elle fut représentée le lundi 22 septembre 1659. Rien n’est plus propre à prémunir contre l’éclat de certains succès que de voir l’oubli où sont tombés ces rivaux, jadis redoutables, de Corneille et de Molière.

Sa pièce jouée, Corneille se hâte de terminer les affaires les plus indispensables qu’il avait à Paris, fait quelques visites, une entre autres à l’abbé d’Aubignac[2], et repart au plus vite pour Rouen. C’est de là qu’il écrit, le 12 mars 1659, à l’abbé de Pure, afin de le remercier d’une lettre qui lui racontait le succès que Mlle de Beauchâteau avait obtenu en remplissant le rôle de Jocaste à la place de l’actrice, alors malade, qui l’avait joué d’original. Nous ne savons du reste ni quelle était cette actrice malade, ni comment les autres rôles avaient été distribués primitivement. En 1663 seulement, l’Impromptu de Versailles, qui nous a déjà fourni tant d’utiles renseignements, nous apprend que Villiers jouait le rôle d’Iphicrate[3]. Il est probable que Floridor s’était réservé celui d’Œdipe ; Baron le remplit plus tard avec un grand éclat[4] ; c’était lui assurément qui en était chargé en 1676, lorsque Corneille écrivait à Louis XIV :

On voit Sertorius, Œdipe et Rodogune
Rétablis par ton choix dans toute leur fortune.

Le 13 mai 1718, Champvallon débuta dans ce rôle[5] ; mais le succès de l’Œdipe de Voltaire, qui fut joué le 18 novembre de la même année, éloigna de la scène l’ouvrage de Corneille. C’est Voltaire lui-même qui, en 1764, proclame sa propre tragédie « le seul Œdipe qui soit resté au théâtre[6]. » Celui de

  1. Voyez sur Gilbert, tome IV, p. 899, note i.
  2. Voyez la Notice d’Horace, tome III, p. 254.
  3. Scène i.
  4. Lemazurier, Galerie historique des acteurs du Théâtre français, tome I, p. 86.
  5. Ibidem, p. 185.
  6. Remarques sur l’Œdipe de Corneille, acte V, scène vii (de l’édition de Voltaire, scène v de la nôtre). — Ou a représenté avec un certain succès, le 18 mars 1726, l’Œdipe de la Motte, qui