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siècles. C’est pourquoi ils acclamèrent l’empire franc qui ne dura pas un demi-siècle et ensuite l’empire saxon qui en dura trois et qui, vaincu à Bouvines dans ses ambitions temporelles et humilié à Canossa dans ses prétentions spirituelles, ne put, malgré la valeur d’un Othon, d’un Barberousse ou d’un Frédéric ii, s’établir définitivement. Plus tard Charles-Quint, plus tard encore Napoléon touchèrent momentanément à la réalité de ce pouvoir exorbitant dont le désir a intoxiqué de nos jours des cerveaux moins robustes. C’est la portion moyen-âgeuse de cette histoire sur laquelle s’est principalement arrêté M. le professeur Rossier, décrivant de la façon la plus claire et la plus vivante la longue querelle des papes et empereurs. Elle était en germe dans le couronnement même de Charlemagne et dans l’initiative prise ce jour-là par le pontife. Les « investitures » lui donnèrent une forme tangible. Les deux autorités luttèrent pour s’asservir et n’y parvinrent que passagèrement. Le résultat évident fut de les affaiblir l’une par l’autre.

Ces temps sont passés et ne reviendront plus. C’est une voix d’Amérique précisément qui a confirmé solennellement sur ce point le verdict de l’Europe libérale. Ce Nouveau-Monde qui émerge ainsi de façon brusque dans la conduite des affaires mondiales passait à tort pour n’être qu’un assemblage hétéroclite de financiers et de commerçants. Je serais heureux, messieurs, si j’avais pu chasser de vos esprits cette notion peu digne d’y séjourner. J’ai tenté de vous montrer la puissance de l’ambition rénovatrice autour de laquelle se sont formés les États-Unis et par laquelle s’explique toute leur histoire. Le désir de créer l’État chrétien modèle, désir qui fut l’idéal honnête et modeste des pèlerins du Mayflower