Page:Crépet - Les Poëtes français, t4, 1862.djvu/407

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Qui vont bourdonnant sur les fleurs,
Et qui mêlent au vert des plantes
Leurs paillettes étincelantes
Et leurs diaphanes couleurs.

Souvent, alors, mon front se penche,
Docile au vent comme la branche
Du saule qui frémit là-bas ;
Et, las des plaisirs éphémères
Je rêve de douces chimères
Que l’avenir ne verra pas.

Là, nul bruit ne vient me distraire ;
Mélancolique et solitaire,
Je me hâte de sommeiller ;
Là, je peux rêver tout mon rêve,
Sans craindre qu’avant qu’il s’achève
La raison vienne m’éveiller.
 
Là, quand je relève ma tête,
Que j’entends siffler la tempête
Au front des arbres agités ;
Pendant que des lueurs livides
Tombent du ciel, éclairs rapides
Dans l’eau dormante répétés ;

J’aime à sentir, bientôt chassées,
D’errantes et tristes pensées
Sur mon cœur passer en glissant,
Comme de noires hirondelles
Qui frappent du bout de leurs ailes
Les flots paisibles de l’étang.
 
Là, par des routes inconnues,
Qu’un héron, perdu dans les nues,
Vienne, s’offrir à mes regards :
Si son vol, lent et monotone,
S’égare sous un ciel d’automne,
Parmi la brume et les brouillards ;