Aller au contenu

Page:Crépet - Les Poëtes français, t4, 1862.djvu/698

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


SONNET


À VICTOR HUGO


 
Sur un trône plus haut encor, viens te placer ;
Tu l’avais dit : Ton sceptre, ô Victor, c’est ta lyre.
Ces insensés pourtant, quel était leur délire !
Avaient cru que son poids te dût sitôt lasser !

Quoi ! sur ton char de gloire en te voyant passer,
Par cet appas vulgaire ils pensaient te séduire,
Et que, dans ton chemin, cet or qu’ils faisaient luire,
Comme un prix de tes chants, tu l’irais ramasser.

Majesté du génie, à toi le diadème
Radieux, éternel ; tu l’as conquis toi-même,
Et tu sais le porter, et tu ne le vends pas !

Qu’ils tremblent de fouler ces domaines de l’âme,
Tes royaumes, volcans assoupis, dont la flamme
À ta voix, en Etnas jaillirait sous leurs pas.


Quand votre père octogénaire

Apprend que vous viendrez visiter le manoir, Ce front tout blanchi , qu’on vénère , De plaisir a rougi , comme d’un jeune espoir. Ses yeux où pâlit la lumière

Ont ressaisi le jour dans un éclair vermeil, Et d’une larme, à sa paupière , L’étincelle allumée a doublé le soleil.