Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

148 CHAPITRE II. — ANALYSE DE L'ILIADE

nous nous le représentons comme un ensemble en le détachant du reste par la pensée, on ne peut nier qu'il ne révèle une certaine unité de conception et d'exécution. Le poète s'est proposé évidemment de rattacher son récit à celui du livre XII, dont il ac- cepte les données. Il n'est pas douteux que son œuvre n'ait été surchargée d'interpolations. Quelle qu'en ait pu être l'importance, elle se distingue de celle de son prédécesseur par certains caractères propres. Le récit est médiocrement conduit * ; mais l'imagi- nation très brillante du poète se déploie dans des scènes isolées, plus descriptives que dramatiques, telle que l'arrivée de Poséidon (XIII, 10-38), si ad- mirée de Longin avec raison, et l'embrassement de Zeus et d'Héré sous le nuage d'or (XIV, v. 346-351)'. Les allusions qu'il fait à la légende d'Héraclès (XIV, 250 et suiv.; XV, 25 et suiv.) sont un indice curieux à relever, qui semble dénoter encore une fois l'in- fluence de poésies contemporaines relatives à ce sujet.

Passons rapidement sur deux morceaux de raccord (v. 367-591) qui suivent immédiatement. Le premier

1. W. Christ, Fliadis carm., Proleg. p. 41, remarque, après Schœmann, qu'entre le vers 595 du livre XI et le vers 591 du livre XY, il ne se passe rien, sauf l'Assaut du mur, qui fasse avancer l'action en quoi que ce soit.

2. Hoffmann, Quaestiones homericacj Clausthal, 1848, t. II, p. 232 : Apparet ejusmodi fuisse hujus poetae ingcnium quod luxu- riaret in dcscribendis rébus minoribus, quas summa cum clcgautia exomat, velut initium libri N et praeclarissimam illam compara- lionem M 278 et quae leguutur S 384-400, at minus aptum fuisse hune poetam ad efficiendum clarum et concisum narrationis pro- gressum; pertinent cjus carmina ad id genus quod eximia singula- rum partium, maxime minorum, pulchritudine et vi magis lectores delectat quam aequabili et modeslo totius narrationis habilu atque tcnore.

��� �