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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/21

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VII
PRÉFACE

faut, selon l’expression de du Bellay, les piller et les dépouiller. Poètes comme Ronsard, cicéroniens comme Muret, moralistes comme Montaigne, tous demandent à l’antiquité un enseignement direct, un profit immédiat : l’un des images et des rythmes, l’autre d’harmonieuses périodes, le troisième des maximes, des actions, des faits. Aucun n’est historien.

Les érudits et les philologues, plus attachés aux textes, sont mieux dans la voie de l’histoire. Mais eux aussi vont au plus pressé, qui est d’abord de publier les textes, ensuite d’amasser les matériaux nécessaires pour en préparer l’intelligence littérale. Les éditions princeps se multiplient. Budé, Turnèbe, par leurs Commentarii et leurs Adversaria, préparent le Thesaurus, Quand les principaux textes sont publiés, ou même pendant qu’ils se publient, on les traduit, on les commente. Les études sur la langue se poursuivent, et l’admirable Thesaurus les résume. Tout cela non plus n’est pas de l’histoire ; ce n’en est que la préparation, et une préparation encore assez lointaine. D’autres matériaux s’accumulent dans les travaux des jurisconsultes sur le droit romain, dans les études dont les institutions antiques sont l’objet. Mais l’idée même d’une histoire littéraire telle que nous l’entendons ne se dégage pas : si elle a flotté confusément devant les yeux de quelques-uns de ces philologues, ce n’a été qu’une vague apparition sans consistance et sans figure.

Tout d’un coup, Bacon paraît, et cette idée, jusque-