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174 CHAPITRE III. — FORMATION DE L'ILIADE

implique donc tout d'abord une hypothèse, qui, loin de s'appuyer sur des témoignages anciens, est en désaccord avec ceux qui nous sont parvenus.

Il faut ajouter que cette hypothèse est loin d'être satisfaisante en elle-même. Qu'on y réfléchisse en effet. Comment ces grandes récitations ont-elles pu naître ? La seule manière vraisemblable d'en ex- pliquer l'origine, c'est d'admettre qu'elles se sont organisées peu à peu à mesure que le besoin s'en est fait sentir ; et ce besoin a dû résulter tout na- turellement de la formation de ces groupes de chants que nous avons signalés ; les récitations ont grandi en même temps que ces groupes eux-mêmes grandissaient ; cela est aisé à concevoir et conforme à la nature des choses. Mais si l'on reconnaît qu'an- térieurement à VIliade il n'y avait que des chants de peu d'étendue, et si l'on suppose que la princi- pale innovation homérique a été précisément de créer un poème proprement dit, il faut admettre du même coup que les grandes récitations n'existaient pas avant VIliade; ce qui revient à dire que l'auteur de ce poème, en le composant, aurait eu en vue de l'approprier à des usages encore inconnus et de se placer en dehors des conditions qui étaient alors imposées à la poésie. Il aurait fait à dessein une œuvre dont le mérite propre ne pouvait être ap- précié que dans des circonstances tout à fait nou- velles et en somme fort incertaines, puisqu'il s'agis- sait de modifier pour les produire les habitudes du public. On ne peut nier qu'il n'y ait là tout au moins une grave invraisemblance.

Et cette invraisemblance paraîtra sans doute plus

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