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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/285

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COMPARAISONS 235

« Tel un âne, qui s'est jeté dans une pièce de terre, s'y obstine malgré des enfants ; en vain on lui brise des bâtons sur le dos ; il renverse les blés épais tout autour ; les enfants le frappent à coups redoublés, mais leurs coups sont sans effet sur lui, et ils ne le font enfin sortir qu'à grand'poine quand il s'est repu à son gré. Tel Ajax, le glorieux fils de Télamon, assailli par les Troyens ardents et par la foule de leurs alliés qui frappaient son bouclier de leurs longues lances, résistait en reculant *. »

Mais le plus souvent, c'est par la force et la gran- deur que les comparaisons homériques nous ravis- sent. La chasse dans les temps anciens étant comme une image naturelle de la guerre, ses épisodes en fournissent d'admirables au poète. Ulysse est entouré d'ennemis :

« 'i'andis qu'il avisait au danger, les rangs des Troyens vinrent sur lui avec leurs grands boucliers et ils l'enveloppè- rent de tous côtés, mettant ainsi le péril et la mort au milieu d'eux. Quand autour d'un sanglier des chiens et des chasseurs ardents s'élancent à l'attaque, la bête sort du hallier épais, aiguisant ses blanches défenses dans ses mâchoires recourbées ; on se jette sur elle de tout côté, mais ses dents se heur- tent avec bruit, et les assaillants s'arrêtent, pleins d'effroi. De même autour d'Ulysse, cher à Zeus, s'élançaient les Troyens '.

Les descriptions de la nature, surtout celles des aspects divers de la mer, ne l'inspirent pas moins heureusement.

« Hector frappait les chefs des Danaëns et après eux la foule, comme le vent d'ouest, fondant sur les blancs nuages amassés par le Notos, les secoue de son choc impétueux et les pousse violemment au loin ; des Ilots énormes roulent, et

��1. lUadcy XI, 558 cl suiv.

2. lUadi'y XI, 414 et suiv.

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