Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

240 CHAPITRE IV. — L'ART DANS L*ILIADE

lioinmes aux traits bien individuels. Kn cela, Fépo- |)é(» honirriquo ressenil)lo ii Thisloire. Mais elle en dillcn' par la siiiiplirité. Moins onchainée à Texacti- tiido, elle choisit el elle élimine plus librement. De là vient quV'lle ne laisse rien d'obscur dans Faîne de ses personnages; comme elle ne s'attache en chacun <i'eux (|u'à un petit nombre de traits saillants, elle peut les mettre en pleine lumière. La vérité morale est chez elle tout en dehors, et elle éclate sans qu'on ail besoin de la chercher.

Achille, c'est la jeunesse héroïque, une force et une beauté presque divines dans un mortel. La lé- gende Ta donné au poète de la Querelle comme un type de grâce virile, avec l'orgueil de la victoire et la tristesse de la mort prochaine. Tout le reste est sorti de la situation même, interprétée avec un sen- timent profond de la vérité humaine. La Querelle lui prête une grandeur admirable. C'est lui qui prend rinitiative de remédier aux maux présents. Il promet à Calchas sa protection, et on sent aussitôt que per- sonne dans Tarmée n'est puissant contre lui :

Sois sans craiiiU», devin, et dis-nous les choses que tu sais par révélation. (]ar j'en atteste Apollon cher à Zeus, — le (lieu (jue tu invoques toi-niénie, Calchas, quand tu découvres aux I)anaëns les desseins d'en haut, — personne ici, tant que moi je serai vivant, tant que mes yeux ne seront point fermés, ne portera sur loi des mains violentes dans Tenceinte de ce camp, personne entre tous les Danaëns, quand même celui (jue lu crains serait A«camemnon, si jjlorieux d'être le premier des Achéens*.

Point de petitesse d'aucune sorte dans son àme: à la fois lier et modéré au début, il montre hardi-

��1. Iliade, l, 85-91

�� �