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256 CHAPITRE IV. — I/ART DANS L'ILIADE

de particulières, qui sont parfois ou des sentiments profonds ou de véritables passions. Thélis est mère; elle a toutes les tendresses et toutes les sollicitudes de l'amour maternel. Et en général, lorsqu'une divi- nité s'allie à un homme dans Vlliade^ elle fait vrai- ment cause commune avec lui.

« A présent, dit Athéné à Achille au XXII» livre, j'espère qu'à nous deux nous allons remporter une grande gloire, en triomphant dllector, si insatiable qu'il soil de combattre. Non, il n*cst plus possible qu'il nous échappe, quand même son protecteur .Apollon, Thabile archer, se mettrait en peine pour le sauver, jusqu a se jeter aux pieds de Zeus qui tient Tégide. Allons, fais halte et reprends haleine ; je me charge d'aller te le chercher et de l'amènera te combattre en face*. »

Le dieu est intimement associé à son héros, il a la même ardeur au combat, les mêmes haines et les môuies perfidies, il l'aide au besoin à insulter ses enneuiis avant la lutte et après la victoire. De tels personnages divins apportent dans les chants où ils se môlent toute une somme nouvelle d'émotions variées.

D'ailleurs leur secours puissant, bien loin de diminuer l'action personnelle du héros , l'augmente au contraire. La poésie homérique ne connaît pas les subtilités métaphysiques ni théologiques. Elle ne se demande pas, lorsqu'elle représente la fureur de Diomèdc excité par Athéné, quelle est, dans les mouvements impétueux de son ame , la part de Tac- lion divine et celle de sa propre nature. « Courage, « Diouiéde, dit la déesse, assaillons les Troyens ; je « t'ai mis au cœur cette feruieté inébranlable qu'avait « ton père , le cavalier Tydée , au bouclier sonore.' »

1. Iliade, XXII, 216.

2. Iliade, \, 124-126.

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