Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

26't CHAPITRE IV. — LART DANS L'ILIADE

anciens. Quelquefois , mais exceptionnellement , ils nous les signalent eux-mâmes comme apparte- nant à la langue des dieux, distincte de celle des hommes*. Mais ordinairement ils les mêlent tout simplement aux mots contemporains, afin de donner à la phrase quelque chose d'insolite qui la relève '. La longue liste des ira; eipT;|i.£va de VIliade est évi- demment formée en grande partie d^éléments ar- chaïques de ce genre.

Un autre moyen dont ils usent pour ennoblir leur élocution, c'est l'emploi des mots composés. Profitant d'une faculté naturelle à la langue grecque , ils créent, avec une hardiesse que le langage ordinaire ne pouvait pas admettre, des expressions brillantes et sonores , formées d'un groupe d'éléments qui parlent tous à l'imagination. Ce sont surtout les adjectifs qui deviennent ainsi comme les ornements naturels du discours poétique. Ils lui apportent une

��1. Iliade^ XIV, 290: "Opviôi Xiyupîj evaXi^xio;, f^vt ev op€90tv — yaXxtoa xtxXiÎTxoyii Oso'» , âyops; oà xuatvo'.v. Cf. I, 403, Briaréc et iEgéon; XX, 74, Xanllie et Scainandre. C'est ce que les anciens appelaient la dionymie homérique. Le grammairien Ptolémée d'Alexandrie avait écrit \\iz\ Trr nao* 'Oarcto ôtcuvu'xt'a; nxpà Oeol; xa» àvôstoTîot;. J'interprète ici la dionymie comme les commentateurs anciens semblent l'avoir généralement interprétée. Cette façon de voir a été contestée de nos jours très fortement, mais à tort, selon moi. Voir Lobeck , Aglaophamus, II, p. 858 suiv.; Nauck . dans les Jahrhiichcr de Jahn, Supplém. VIII, p. 548 suiv.; Bernhardy, Griech. Lit., I, p. 182.

2. Aristote, Poétique^ chap. xxi et xxii. — A vrai dire, il est fort difficile aujourd'hui de déterminer sûrement Tàge des mots dans le texte homérique. On est réduit sur ce sujet à des conjec- tures; mais plusieurs sont à peu près certaines. Arislote signale aprjTTJp pour ΣS£y; (Iliade. I, 94; Arist., Poct.j ch. xxi) comme uo mot fabriqué (jienoiTjfxt'vov) ; n'est-ce pas plutôt un de ces mots anciens ?

��� �