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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/376

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326 CHAPITRE VI. -- FORMATION DE L'ODYSSEE

il n'aurait pas manqué, ce semble, de répartir les humiliations et les injures d'Ulysse en deux ou trois scènes de plus en plus frappantes, selon la véritable ordonnance homérique, de manière à pousser aussi loin que possible l'impatience de ses auditeurs avant de faire éclater la vengeance. Le défaut de progres- sion qui règne dans cette partie du récit actuel n'est-il pas l'indice le plus certain du manque d'unité dans la conception première?

Otfried Miiller n'est pas moins aflirmatif sur la question qui nous occupe \ a L'unité du sujet, écrit-il, règne incontestablement dans V Odyssée aussi bien que dans V Iliade^ et on ne pourrait supprimer aucune des parties essentielles de ce poème sans laisser une la- cune dans le développement de l'idée principale. » C'est dans cette seconde proposition qu'est toute la difliculté. Quelle est cette idée principale ? Quelle» sont ces parties essentielles ? La Télémachte pan exemple est-elle de ce nombre ? Otfried Mûller a rai^ son incontestablement de remarquer qu'il y a uno vérilablc unité dans V Odyssée^ mais il s'agit de savoif comment cetlc unité s'est formée et de quelle natures elle est au juste. Trouvons-nous dès le début dim poème une conception nette de l'ensemble ? et toutes les parties [du développement semblent-elle^ être sorties, chacune selon leur ordre actuel, de cettc^ idée première ? L'affirmation d'Otfried Miiller, sou^- sa forme générale, ne jette aucune lumière sur celtes question. D'ailleurs le point de vue critique qu'elles suppose est-il exact? Faut-il juger l'authenticité des parties de YOdyssée d'après le rapport plus ou moins étroit qu'elles ont soit avec le développement de

1. Uist, de la littér, gr.j chap. v; trad. Hillebrand, in-12, t. I, p. 113.

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