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342 CHAPITRE VI. — FORMATION DE L'ODYSSEE

de rimagination, elle avait des ailes et osait encore s'en servir pour voler. Ce n'était plus, il est vrai, cet élan superbe, qui, au temps de Vlliade^ la soule- vait si puissamment et l'emportait dans la plus haute région de poésie ; mais c'était encore un vol char- mant, plein de grâce et de fierté, qui errait au- dessus des servitudes de la terre.

S'il paraît probable que les scènes mentionnées sont l'œuvre d'un même poète, il ne faut cependant pas être trop afRrmatif à cet égard. Dans un temps où l'essor poétique est uni à une docile simplicité, il se peut fort bien que l'œuvre du disciple se con- fonde avec celle du maître. En tout cas, en admettant que toutes les scènes principales aient été produites par un seul et même génie, il ne paraît guère pos- sible de ne pas attribuer à des imitateurs les scènes secondaires qui les grossissent aujourd'hui. Il suffit en effet de se représenter la série de chants que nous venons d'indiquer pour comprendre combien le succès qu'elle obtint devait engager de nouveaux aèdes à la développer par des chants accessoires. Ceux-ci trouvaient place tout naturellement au mi- lieu des précédents, el tanlol ils étaient liés dans la récitation à quelques-uns d'entre eux, tantôt ils s'en séparaient. Tous les épisodes du dix-huitième livre par exemple, la lutte avec Iros, la visite de Pénélope aux prétendants, l'insolence de Mélantho, Toutrage d*Eurymaque à Ulysse peuvent être considérés comme des additions de ce genre. Nous nous conten- terons ici de signaler d'une manière générale ces chants accessoires. On les reconnaît souvent à leur caractère d'imitation; il arrive même que des em- prunts textuels plus ou moins considérables con- tribuent à les déceler. L'étude de ces emprunts est, pour VOdyssée comme pour \ Iliade, une des res-

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